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Le grand virage “No/Low” : pourquoi les moins de 30 ans boivent moins d’alcool

La consommation d’alcool en chute chez les jeunes
4 décembre 2025 par
Le grand virage “No/Low” : pourquoi les moins de 30 ans boivent moins d’alcool
Nicolas Lesaffre
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Le grand virage du “No/Low” : pourquoi la consommation d’alcool s’effondre chez les moins de 30 ans. Santé, bien-être, nouvelles aspirations : ce que révèlent les chiffres et les comportements de la jeunesse européenne face à l’alcool.

Introduction

Un tournant discret, mais marquant : de plus en plus de jeunes adultes — la génération des moins de 30 ans — consomment moins d’alcool qu’auparavant, voire arrêtent complètement. Ce phénomène, mesuré dans plusieurs pays européens, s’accompagne d’un intérêt croissant pour les boissons no/low, d’un virage vers le bien-être et d’une redéfinition des modes de sociabilité. Ce n’est pas un simple effet de mode, mais un changement structurant des valeurs, des pratiques et des attentes.

Dans cet article, nous analysons les données récentes, les dynamiques socioculturelles, les motivations profondes, ainsi que les implications pour le marché du sans alcool et pour la société.

📉 1. Les chiffres qui confirment la baisse de consommation

  • Une chute nette en France

Selon un rapport publié fin 2024, la consommation d’alcool en France continue de reculer : la part des personnes buvant au moins une fois par semaine est passée de 39 % à 37 % entre 2017 et 2023, et la proportion de buveurs quotidiens est tombée de 10,6 % à 7 %. (RMC)

Parmi les plus jeunes, les tendances sont encore plus frappantes : beaucoup ne boivent plus ou consomment beaucoup moins fréquemment. (CNEWS)

  • Une tendance observable dans d’autres pays

En Belgique, une étude du centre VAD indique que la première consommation d’alcool a lieu plus tard, et que la proportion de jeunes consommant régulièrement diminue : en 2022, seuls 10 % des jeunes rapportaient une consommation régulière, contre 18 % une décennie plus tôt. (RTL Info)

Du côté européen, des études récentes — notamment une enquête relayée par des médias spécialisés — montrent qu’une large part des consommateurs (notamment de 25 à 35 ans) ont réduit, voire abandonné, l’alcool, invoquant des raisons de goût, de santé ou de qualité de vie. (Reuters)

Plusieurs travaux internationaux confirment cette rupture. Au Royaume-Uni, l’organisation Drinkaware observe une baisse généralisée de la consommation chez les 16-24 ans, tandis que 26 % d’entre eux seraient totalement abstinents, d’après une analyse relayée par The Guardian. Ce désengagement a commencé bien avant la médiatisation du No/Low : dès 2018, une étude Berenberg Research révélait déjà que les jeunes consommaient 20 % d’alcool en moins que les Millennials au même âge, et que leur intérêt pour la bière chutait au profit des spiritueux légers ou aromatisés.

  • Une remise en cause générationnelle

Les tendances observées en France, Belgique et Europe s’inscrivent dans un mouvement plus large : la génération des 16-25 ans boit nettement moins que les précédentes. Selon plusieurs études menées ces dernières années, la Gen Z découvre les avantages de la sobriété plus tôt, plus consciemment — et surtout, elle y trouve du plaisir. Pour beaucoup, boire n’est plus synonyme de fête, et certains vont jusqu’à considérer que l’alcool appartient désormais à une culture sociale datée, presque “ringarde”. (Forbes)

Ces chiffres convergents suggèrent qu’on n’est plus face à un simple pic, mais à une tendance longue.


🧬 2. Qu’est-ce qui change chez les jeunes ? Motivations & nouveaux repères

  • Santé, bien-être, hygiène de vie

Le souci de santé — physique et mentale — apparaît comme une motivation majeure. Beaucoup évoquent le bien-être, l’énergie, le sommeil, la clarté mentale. Dans les enquêtes récentes, une amélioration perçue de la qualité de vie est souvent citée comme principale raison pour réduire ou arrêter l’alcool. (Forbes)

  • Une autre vision de la sociabilité

L’alcool n’est plus systématiquement associé à la fête ou à la convivialité. Les jeunes adoptent de nouvelles formes de socialisation : sorties, soirées, rencontres… mais avec des alternatives plus saines — mocktails, boissons sans alcool, cafés, activités artistiques ou sportives. La norme sociale évolue, ce qui déplace l’importance de l’alcool dans les interactions.

  • La Gen Z, génération du “sobre par choix”

Les explications sont multiples : recherche de santé, volonté de préserver leur énergie, mais aussi maturité sociale et nouvelle conception du plaisir. Comme l’écrit la journaliste Barbara Ellen, la Gen Z serait “plus intelligente, plus consciente et moins refoulée que les générations précédentes”, ce qui limiterait la place de l’alcool dans la sociabilité. Pourtant, ils sortent toujours, créent, dansent, se rencontrent — simplement sans alcool, ou avec beaucoup moins.

La question de la sécurité des femmes joue aussi un rôle structurel dans ce changement : rester sobre permet de limiter les situations à risque, de garder le contrôle en soirée et d’éviter les comportements prédateurs. La sobriété devient ainsi un outil d’autonomie, autant qu’un choix de santé.

  • L’influence de la culture “mindful”, du bien-être et des réseaux

Le mouvement “mindful living” — bien manger, bien dormir, bien vivre — séduit. Les réseaux sociaux et influenceurs “sobres” participent à diffuser cette image d’un mode de vie “cool, moderne et responsable”. Pour beaucoup de jeunes, boire moins (ou pas du tout) devient un choix valorisé. (Forbes)

  • Une prise de conscience sur les dangers de l’alcool

Les messages de santé publique, les scandales liés à l’alcool, la montée des campagnes “sobriété choisie” (Dry January, Tournée Minérale, etc.) sensibilisent davantage. Beaucoup remettent en cause l’habitude, l’héritage culturel ou social, et décident de consommer autrement — ou pas du tout.


⚠️ 3. Quelles disparités et limites de la tendance

  • Le rôle des contextes sociaux et familiaux

Même si la tendance est nette, elle varie selon l’origine sociale, le milieu familial, l’éducation. Dans certains milieux, l’alcool reste fortement ancré, ce qui ralentit le changement.

  • L’écart entre “moins boire” et “ne pas boire”

Réduire sa consommation ne signifie pas systématiquement l’abstinence. Beaucoup adoptent un modèle “occasionnel” ou “festif modéré”. Le risque de “rechute” ou de retour aux anciennes habitudes existe, notamment dans certaines situations sociales.

  • Pressions externes : addiction, stress, solitude

Si certains s’éloignent de l’alcool, d’autres jeunes (notamment en contexte de précarité, stress, isolement) continuent de consommer. Une étude belge note que bien que l’alcool recule, la consommation de tranquillisants ou de somnifères progresse dans certains groupes. (RTL Info)


📈 4. Conséquences pour le marché du “No/Low” et de la boisson

  • Explosion du marché des boissons sans alcool

Avec la baisse de la consommation d’alcool, les alternatives no/low, mocktails, vins désalcoolisés, bières 0.0 deviennent des segments en forte croissance. Certaines études récentes anticipent que le marché des boissons sans alcool pourrait représenter une part significative du marché global des boissons en Europe. (Reuters)

  • Innovations produit et repositionnements stratégiques

Des marques repensent leurs gammes, misent sur la qualité aromatique, la naturalité, le design, le lifestyle. Le no/low n’est plus perçu comme “substitut triste”, mais comme un choix stylé, conscient et contemporain.

  • Adaptation des bars, restaurants et lieux de vie sociale

Carte sans alcool, mocktails créatifs, bières 0.0, vins désalcoolisés — le secteur de l’hospitalité s’adapte : les lieux se diversifient, s’ouvrent à de nouveaux profils, deviennent plus inclusifs.

  • Enjeux pour la santé publique et les politiques de réduction des risques

La baisse de consommation chez les jeunes et la montée des alternatives sans alcool offrent des leviers pour la prévention, la réduction des risques et la transformation des habitudes collectives à long terme.


🌍 5. Vers un changement culturel durable ?

Ce virage chez les moins de 30 ans ne ressemble pas à une vogue passagère. Plusieurs éléments indiquent qu’il pourrait s’inscrire dans la durée :

  • Changement profond dans les valeurs : santé, bien-être, sobriété choisie.

  • Renouvellement générationnel : les jeunes générations ont des repères différents, moins attachés aux codes anciens de la fête.

  • Offre produit adaptée et attractive : boissons sans alcool de qualité, innovations, marketing “lifestyle”.

  • Adaptation des lieux sociaux : bars, restaurants, fêtes, événements qui intègrent le no/low comme une norme.

  • Sensibilisation accrue aux risques de l’alcool, et diversification des formes de plaisir et de socialisation.

En somme, on assiste à une mutation socioculturelle : l’alcool n’est plus un passage obligé de la jeunesse, mais une option parmi d’autres — parfois délaissée, parfois réinventée.

Le grand virage “No/Low” : pourquoi les moins de 30 ans boivent moins d’alcool
Nicolas Lesaffre 4 décembre 2025
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